Alvin york

Alvin York, de pacifiste à héros de guerre

Le 10/04/2022 0

Parmi les dizaines de millions de soldats mobilisés pendant la Première Guerre Mondiale, beaucoup furent décorés et raconter l’histoire de chacun serait probablement bien trop long.

Mais ici, on va s’arrêter sur la vie d’Alvin York qui passa de pacifiste religieux refusant la violence à soldat américain le plus décoré de la Première Guerre Mondiale.

Alvin Cullum York né le 13 décembre 1887 aux États-Unis dans le Tennessee. Il est le 3e des 11 enfants de William et Mary York.
Il reçoit une éducation rudimentaire de 9 mois seulement car il doit surtout aider sa famille à la ferme et à la chasse pour les aider à survivre.

A la mort de son père en 1911, il devient la personne responsable de sa famille. Il se met à travailler dans la construction de chemins de fer puis comme forestier pour permettre à sa mère de subvenir aux besoins de ses plus jeunes frères et sœurs.
Il est d’ailleurs reconnu comme un travailleur efficace.

Mais il tombe également dans l’alcoolisme et se retrouve très souvent impliqué dans des bagarres de bars malgré les efforts de sa famille pour le sortir de cette dépendance à l’alcool.
Cette situation continua jusqu’à l’hiver 1914 lorsque l’un de ses amis fut tué lors de l’une de ses bagarres.

Bouleversé par la tragédie, il change de comportement, se convertit et devient un membre actif de la Christ Church in Christian Union, une « secte » chrétienne interdisant l’alcool, la danse et toute forme de culture populaire. C’est d’ailleurs dans cette organisation religieuse qu’il rencontrera celle qui deviendra sa femme en 1919 : Gracie Williams.

Sauf que, pendant qu’Alvin devenait un membre très actif de son église, l’actualité internationale est marquée depuis la fin de l’été 1914 par un évènement assez marquant : la Première Guerre Mondiale.
Et les États-Unis finissent par rentrer dans le conflit en avril 1917.

Tous les hommes de 21 à 31 ans sont mobilisés et Alvin reçoit les papiers de mobilisation qu’il remplit en juin mais, suite à une discussion avec son pasteur, il inscrivit qu’il ne désirait pas se battre. Et en effet, l’armée américaine prenait en compte le cas des objecteurs de conscience et les assignaient à des postes non-combattants. Mais comme l’église auquel Alvin appartient n’est pas reconnu par le gouvernement américain, ce statut lui est refusé.

En novembre, il est donc affecté à la Compagnie G du 328e Régiment d’Infanterie de la 82e Division d’Infanterie pour effectuer son entraînement militaire. Un entraînement où il se découvre particulièrement performant surtout au tir.
Un talent qui lui fait peu à peu remettre en question ses vues pacifistes. Une remise en question qui s’amplifie aux fils des discussions qu’il a avec ses chefs de bataillon et de brigade.

Il obtient alors une permission et Alvin va complètement retourner sa veste. Désormais, Dieu veut qu’il se batte et il pense qu’il le protégera.

Il arrive en France en mai 1918, continue son entraînement sur place et participe avec sa division à quelques opérations.
Mais c’est le 8 octobre 1918 qu’il rentrera dans l’Histoire par la grande porte.

Sa division est bloquée dans la foret d’Argonne par une colline (Hill 223) remplie de postes de mitrailleuses.
Le récemment promu caporal York est donc envoyé avec 16 autres soldats américains dans une mission d’infiltration derrière les lignes ennemies pour faire taire ces nids de résistance.

Près de la commune de Chatel-Chéhéry, la patrouille tombe sur un poste de commandement allemand qu’elle capture (empêchant ainsi la préparation d’une contre attaque) et en profite pour arrêter les soldats présents sur place.
Mais soudain, le groupe se retrouve sous le feu de plusieurs mitrailleuses (oui, l’objectif de la mission quand même). 6 américains sont tués et 3 autres blessés dont le leader du groupe le sergent Early qui transmet son commandement à Alvin pour s’occuper des tireurs.
Sauf qu’entre les morts, les blessés et ceux chargés de garder les prisonniers et de soigner les blessés, Alvin se retrouve seul dans son attaque. Mais ce n’est PAS un problème.

Il se met à virer les servants de mitrailleuses avec son fusil et les élimine un par un tout en changeant de position régulièrement pour échapper à leur feu.
6 allemands sortent de leur position retranchée et le chargent à la baïonnette. Il sort son pistolet, les abat puis recommence son alternance entre élimination de soldat avec son fusil et changement de position.
Puis, alors qu’il pense avoir éliminé une vingtaine d’hommes, il se rappelle de ses anciennes idées pacifistes. Il demande alors aux survivants de se rendre.
Ce qu’ils font.

Le groupe d’Alvin York ramène ainsi 132 prisonniers et 35 mitrailleuses.
Et l’ex pacifiste du Tennessee a tué 28 soldats allemands.

Pour son exploit, il est promu sergent et reçoit la Distinguished Service Cross. Puis à la fin du conflit, c’est la Medal of Honor (la plus haute distinction de l’armée américaine) qu’il reçoit des mains même du commandant des Forces Expéditionnaires Américaines : le général John J Pershing.
Il recevra également la Croce al Merito di Guerra italienne mais aussi la Croix de Guerre 1914-1918 et la Légion d’Honneur des mains du Maréchal Foch, le commandant suprême des forces alliés.
Celui-ci lui dit alors « Ce que vous avez fait était la plus grande chose jamais accomplie par un soldat en Europe ».
Une louange peut être justifiée parce que son fait d’arme permit à sa division de passer la colline et de poursuivre son avancée pour soutenir l’offensive Meuse Argonne qui finira en victoire écrasante pour les franco-américains face aux allemands.
(Foch ne devait quand même pas avoir encore rencontrer ou entendu parler de l’histoire d’Albert Roche).

Au total, il recevra 50 décorations de nombreux pays pour bravoure au combat.

Il reviendra aux États-Unis en mai 1919 et sera accueilli en véritable héros à New York pour la parade des vainqueurs.

Il rentrera ensuite chez lui et déclinera les propositions de films sur sa vie ou celles de produits dérivés. Il profitera plutôt de sa notoriété pour fonder en 1926 le Alvin C. York Agricultural Institute pour améliorer l’éducation des enfants du Tennessee. Il ira d’ailleurs jusqu’à hypothéquer sa ferme pour assurer les finances de sa fondation pendant la crise des années 30 quand l’État ne pourra plus fournir les fonds promis.

Au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, il s’engage dans l’armée mais le combat lui est refusé (l’inverse de la Première) en raison de son surpoids et de son âge (54 ans en 1941). Il est tout de même intégré dans l’armée dans le Army Signal Corps avec le grade de colonel.
Il sera alors chargé de l’inspection des troupes et des collectes de fonds pour les bons de guerre ou à destination d’associations caritatives intervenant dans le conflit telles que la Croix Rouge.

Après la guerre, il est miné par les difficultés financières (malgré le film sorti sur sa vie en 1941 qui sera nominé 11 fois aux Oscars) et il se retrouve même handicapé après un AVC en 1954.
Il finira par s'éteindre le 2 septembre 1964 à 76 ans d’une hémorragie cérébrale.

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