Invincible armada

Invincible ou pas l'Armada espagnole?

Le 04/01/2023 0

Quand le 28 mai 1588, la « Grande y Felicisima Armada » (La Grande et très Heureuse Flotte) aussi connu comme l’Invincible Armada, quitte Lisbonne avec ses 130 navires et 30 000 hommes, le roi d’Espagne Philippe II espère voir l’Angleterre protestante être mise à genoux et le pays revenir dans le giron de l’Église catholique romaine.
A la fin de l’année, l’Angleterre est toujours protestante et l’« Invincible » Armada a perdu 44 navires et 18 000 hommes

Depuis 20 ans, l’Espagne est mise en difficulté par une révolte des provinces que l’on appelait Pays-Bas Espagnols. Un soulèvement dû au désir d’autonomie politique et économique de ces territoires mais également une volonté de liberté religieuse avec une forte implantation du protestantisme que Charles Quint puis Philippe II essayèrent d’extirper avec l’Inquisition.

Et si ces rebelles, ces « gueux de mer », tiennent tête au puissant empire espagnol, qui s’étend alors sur quasiment tous les continents et est le plus grand de l’époque, c’est qu’ils sont soutenus par l’Angleterre protestante d’Élisabeth Ier.
Philippe II décide donc de couper les rebelles de cet important soutien et concocte un plan :

- envoyer une immense flotte dans la Manche pour pacifier les eaux
- faire traverser les troupes du duc de Parme présentes dans les Pays-Bas espagnols sur de petites barges
- faire tomber l’Angleterre et rétablir le catholicisme
- écraser ensuite les rebelles hollandais privés de ce précieux soutien

Et c’est dans l’objectif de réaliser ce plan que l’Armada quitte Lisbonne ce 28 mai 1588 puis atteint la Manche le 29 juillet où les flottes anglaises de Lord Howard, John Hawking et Francis Drake l’attendent.
Plusieurs petits affrontements ont alors lieu mais sans grand résultats en dehors d’ « égratigner la peinture ».

En effet, les canons anglais ont plus de portée que les espagnols mais cette portée accrue s’est fait au détriment de la puissance. Les boulets anglais n’occasionnent ainsi que peu de dommage et les navires britanniques s’échappent dès que les lourds navires hispaniques essayent de s’approcher pour utiliser leurs lourds canons ou pour tenter un abordage.

Le 7 août, l’Armada arrive à Calais où elle apprend que les troupes chargées du débarquement en Angleterre ont besoin de 6 jours de plus.
Dans la nuit, les anglais lancent des brûlots qui dispersent un peu les espagnols. En raison de la désorganisation de la flotte ennemie, les britanniques attaquent à Gravelines mais sans grand succès.

C’est alors que le vent se lève et pousse les navires espagnols vers le nord. Ne disposant pas de port local pour s’abriter et se ravitailler, arrivant à court de munitions et ne pouvant se battre contre le vent pendant tant de temps pour attendre le duc de Parme et ses troupes d’invasion, l’Armada décide de rentrer en Espagne en faisant le tour par le nord (la Manche restant bloquée par la marine anglaise).
C’est donc le vent qui fit échouer les espagnols et non la bataille de Gravelines comme voudra plus tard le faire croire par la suite l’histoire nationale anglaise qui voyait dans cette affrontement un moment déterminant.

Prit dans une tempête au nord des îles britanniques, l’Armada fut à nouveau dispersée et de nombreux navires s’échouèrent sur les récifs ou falaises écossaises et irlandaises.

Ce sont ainsi 44 navires et 18 000 hommes qui sont perdus sans que les conséquences ne soient dramatiques pour l’Espagne (en dehors de l’échec du plan de Philippe II) qui dispose de nombreuses autres flottes.
Deux autres Armada seront ainsi lancées sur l’Angleterre en 1596 et 1597 mais elles seront toutes deux dispersées par les tempêtes.

Mais si cette flotte fut décimée sans avoir presque combattu, pourquoi était-elle appelée l’Invincible Armada ?

Et bien, comme dit dans l’introduction du présent écrit, elle s’appelait en réalité « La Grande y Felicisima Armada ».

Le nom d’Invincible Armada est en fait totalement ironique et nous vient d’un conseiller d’Élisabeth Ier, lord Burghley.
En septembre 1588, il publie une brochure qu’il présente comme la copie d’une lettre d’un jésuite anglais à l’ambassadeur d’Espagne en France Don Bernardin Mendoza (même si les historiens s’entendent aujourd’hui sur le fait que c’est lord Burghley qui a écrit ou fait écrire ce texte).
Dans cette lettre, le religieux fait une liste des raisons injustes pour l’Espagne d’envahir l’Angleterre. Une lettre qui se termine par :

« Ainsi se termine ce récit des malheurs de l’Armada espagnole qu’ils appelaient INVINCIBLE ». Le mot « invincible » est bien en majuscule dans le texte.

La défaite de l’Armada suscita un fort mouvement anti-espagnol qui aida à la diffusion de la brochure de lord Burghley qui fut alors traduite en français, allemand, néerlandais ou encore italien. Le succès fut tel que l’expédition de 1588 est depuis qualifiée comme celle de l’Invincible Armada dans de nombreux pays comme en France mais aussi en Espagne.

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