Action compagnie du mississipi

La bulle spéculative de la Compagnie du Mississipi

Le 13/10/2021 0

Les bulles spéculatives ne sont pas une invention récente de notre économie ultra-mondialisée.
On avait, par exemple, vu celle entourant les bulbes de tulipes au début du XVIIe siècle.
Mais l’une des premières bulles spéculatives touchant la France eut lieu au début du XVIIIe siècle avec la Compagnie du Mississippi.

 

La Compagnie du Mississippi est fondée en 1694 pour fonder une colonie dans l’embouchure du fleuve mais le succès n’est pas au rendez-vous.
La société est reprise en 1711 par un homme d’affaire écossais appelé John Law et l’entreprise est renommé Compagnie d’Occident.
Son objectif : le commerce avec la métropole et les colonies françaises d’Amérique du Nord pour lequel la compagnie possède un monopole de 25 ans pour cette partie du monde ainsi que les Antilles.

L’entreprise rachète d’autres sociétés et banques pour devenir en 1720 la Compagnie Perpétuelle des Indes.
Pendant ce temps, John Law mène d’énormes campagnes de « publicité » pour vanter les profits de son entreprise et encourager les investisseurs à venir placer leur argent chez lui.
Ainsi, entre 1719 et 1720, le cours de l’action passe de 500 à 15 000 livres.

Et on est, typiquement, face à une bulle spéculative.
Une bulle spéculative correspond à la forte progression des cours d’un actif (ici la Compagnie du Mississippi ou Compagnie des Indes) ou d’un marché non corrélé à la croissance de l’économie.

Parce que la réalité est loin de ce que promet John Law.

La Louisiane était un territoire complètement non organisé et ses capacités de production (et donc de revenus potentiels) étaient quasi nulles. Mais le cours a flambé car, au même moment, la colonie française sucrière de Saint-Domingue devenait un des territoires les plus rentables du Royaume de France.
Et John Law utilisait les banques qu’il avait racheté pour émettre plus de papier monnaie pour permettre aux gens d’acheter ses actions.

Mais toute bulle, spéculative ou de savon, explose un jour.

A l’été 1720, la valeur du papier monnaie en circulation correspond au double de la valeur en métal possédait par la France et l’inflation s’envole avec une augmentation de 23 % en janvier 1720.
Pour faire face au coût de la vie, les investisseurs vendent leurs biens les moins importants.
Dont leurs parts dans la Compagnie du Mississippi.
Le cours de l’action dégringole et John Law est viré par Philippe d’Orléans, régent du pays pendant la minorité du futur Louis XV, du poste de Contrôleur Général des Finances du Royaume qu’il lui avait octroyé pour attirer les capitaux dans la Compagnie.
L’entreprise fait faillite en 1721 alors que ses actions sont retournées à 500 livres l’unité.

Elle est alors réorganisée et le roi Louis XV lui donne de vrais privilèges lui permettant de dégager du bénéfice (organisation de loteries, commerce de tabac et de porcelaine, etc.).
La Compagnie fera alors la richesse des villes portuaires françaises sur l’Atlantique comme Bordeaux, Lorient et Nantes mais le déclenchement de la guerre de 7 ans met à mal ses activités.

Minée par ses pertes lors de ce conflit, l’entreprise cesse d’exister.
Ses possessions sont transférées à l’État par décret royal et elle est dissoute en 1770.

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