Parce que tous les états belligérants du conflit ont rétabli une censure de la presse pour cacher la réalité de la dureté des combats et motiver le sentiment patriotique de la population en amplifiant les pertes adverses et en minimisant les leurs.
Cela répondait aussi à un soucis de non-divulgation d’informations sensibles à l’adversaire (la défaite de la France à Sedan en 1870 étant en partie due à des indiscrétions de la presse qui avait suivit les mouvements de l’armée impériale ce qui avait entrainé une modification du plan de bataille prussien).
Cependant, l’Espagne n’a pas pris part à la Première Guerre Mondiale.
Ne parvenant pas à choisir entre l’Entente ou les Alliés, le pays reste neutre ce qui lui permet de livrer et vendre ses produits aux deux camps.
Et surtout, sa presse n’est soumise à aucune censure.
Ainsi, quand l’épidémie s’étend et arrive en Espagne en mai 1918, les journaux espagnols sont les premiers à en parler et à décrire les effets de la maladie.
Le monde entier commence ainsi à parler de cette grippe « espagnole » (ne sachant d’où elle provient à l’époque, les médias prennent ce nom qui restera) … sauf l’Espagne qui parle de la grippe du « soldat napolitain » sûrement car le premier cas espagnol a été contaminé par un militaire italien venant de cette région.
A la fin de l’épidémie (le dernier cas est enregistré en Nouvelle Calédonie en juillet 1921), on dénombre au moins 500 millions de cas confirmés et entre 25 et 50 millions de morts soit environ 2.5% de la population mondiale (et surtout plus que l’ensemble des victimes de la Première Guerre Mondiale qui avait 10 millions de morts).
Parmi les victimes de cette maladie, on compte des noms connus tels que Guillaume Apollinaire (poète français), Edmond Rostand (dramaturge français), Max Weber (père de la sociologie moderne), les frères Dodge (ingénieurs automobiles américains) ou encore Frédérick Trump (grand père de Donald Trump, le 54e président des Etats-Unis).