Saint marin

Saint Marin, une enclave à la recherche de liberté

Le 13/08/2023 0

Dans un monde toujours plus complexe où chaque état tente d’être toujours plus puissant et influent, il est fascinant de constater l’existence de micro-états (à ne pas confondre avec les micro-nations) qui ont traverser le temps et qui jouent de leurs spécificités pour se démarquer.

C’est notamment le cas du micro-état le moins connu d’Europe mais qui est pourtant visité par 3 millions de personnes par an : San Marin, une enclave de 60km2 au milieu des montagnes italiennes dont nous allons ici découvrir l’histoire.

Vers 300, Marinus, un tailleur de pierre dalmate chrétien quitte son île natale pour s’installer à Rimini. Mais sentant les persécutions contre sa religion venir, il quitte rapidement la ville pour se réfugier sur une montagne proche : le mont Titano.
Rejoint par un nombre croissant de persécutés, une communauté chrétienne se crée le 3 septembre 301, une date qui marque officiellement aujourd’hui la fondation de la ville de Saint Marin.
Avec la fin des persécutions, Marinus (qui deviendra Saint Marin après sa canonisation) est ordonné diacre en 316 et reçoit en donation d’une patricienne romaine chrétienne la propriété du mont Titano. L’établissement définitif de la communauté est clair en 366.

Avec la fin de l’Empire, l’Italie se morcelle et Saint Marin devient indépendante de tout pouvoir extérieur.
Des achats de châteaux vers 1200 viendront agrandir pacifiquement un territoire que la république a toujours refusée d’étendre par la force. Car c’est bien la république que le territoire a choisit comme gouvernement avec ses propres lois ce qui en fait la plus ancienne république du monde encore en fonctionnement. Le territoire est dirigé par 2 capitaines-régents élus tous les 6 mois par une assemblée générale de 60 personnes (autrefois élues à vie, les membres de ce Grand Conseil Général sont aujourd’hui élus pour 5 ans).

Du XIIIe à la fin du XVe siècle, Saint Marin traverse les mêmes tourments que le reste de l’Italie avec la rivalité entre guelfes (partisans du Pape) et gibelins (partisans de l’Empereur du Saint Empire Romain Germanique). Le République prend le parti de l’Empereur et elle traversera alors plusieurs périodes de troubles car les responsables ecclésiastiques voisins voulaient mettre au pas de territoire réfractaire à l’autorité du Pape. Un période qui se termina par un rapprochement entre le Saint Siège et Saint Marin puis une alliance en 1461.

La paix revint alors dans le petit état indépendant. Une paix que la république essaya de conserver en même temps que sa liberté.

 

Lors de la période napoléonienne, alors que l’Italie tombait dans le giron français, Bonaparte ordonna dès 1796 de ne pas franchir les frontières de cet endroit dont il admirait les idéaux de liberté et d’égalité. Une indépendance qui fut conserver lors du retour aux frontières pré-napoléoniennes lors des accords de Vienne de 1815.
Mais le passage des armées françaises, ayant connues les idées de la Révolution, dans l’Europe fit naître des sentiments nationaux qui firent venir rapidement des envies d’unification nationales surtout en Allemagne et en Italie.
Après 3 guerres d’unification menées par le Piémont Sardaigne, des référendums eurent lieu dans tous les états italiens pour proposer l’adhésion à un Royaume d’Italie.
Tous répondirent oui (les États Papaux également après leur occupation par les troupes piémontaises) ce qui marqua la création de l’Italie le 17mars 1861.
Tous sauf Saint Marin qui restait attaché à son indépendance. Une décision approuvée par un des arbitres de cette unification et citoyen d’honneur de Saint Marin : le président américain Abraham Lincoln. Les deux entités signent alors un traité d’amitié et de coopération décrétant ainsi une égalité entre les deux nations.

Ce statut permettra à Saint Marin de continuer à mener sa propre politique extérieure. Le pays resta ainsi neutre pendant la Seconde Guerre Mondiale malgré une certaine complaisance et collaboration avec l’Italie mussolinienne notamment en raison des bons résultats du parti fasciste saint marinais qui élit de nombreux capitaines-régents fascistes entre 1923 et 1943.

Continuant toujours de se démarquer, ce fut également le premier pays d’Europe de l’Ouest à avoir un gouvernement communiste (de 1945 à 1947 et de 1878 à 1986).
Une politique étrangère autonome qui lui permet également de siéger en son nom dans plusieurs organisations internationales notamment le Conseil de l’Europe (depuis 1988) ou l’ONU (depuis 1992).

Aujourd’hui, la Serenissima Republicca di San Marino continue toujours d’être un état indépendant administrant seul ses 61,19km2 de territoire et ses 33 938 habitants.

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