La bataille de l'Alma

Nombreux sont les monuments de Paris a faire référence à un évènement ou un personnage historique afin de le célébrer.
C’est notamment le cas du fameux zouave du pont de l’Alma qui sert habituellement à estimer, pour le public, la hauteur de la Seine.

Qu’est-ce qu’un zouave ? Qu’est-ce que l’Alma ? Quel lien entre les deux ?
Trois questions auxquelles nous allons répondre ici.
Et pour cela, on va parler de la guerre de Crimée.

 

I - Contexte

Depuis la fin du XVIIe siècle, l’Empire Ottoman décline peu à peu et perd régulièrement ses guerres face à ses voisins et notamment face à un empire à sa frontière : la Russie.Guerre de crimee
En effet, cette dernière revendique continuellement le droit de pouvoir protéger les orthodoxes vivants dans l’Empire Ottoman, des orthodoxes qui ne dépendraient alors plus des lois ottomanes.

A la suite d’une querelle pour le contrôle des lieux saints en Palestine, la guerre éclate encore entre les deux empires en 1853.
Par suite du refus russe d’évacuer les territoires ottomans danubiens, la France et le Royaume-Uni décident d’entrer en guerre contre la Russie le 27 mars 1854. En effet, les puissances occidentales ne voulaient pas que le pays des tsars vassalise l’Empire Ottoman, ce qui aurait grandement déséquilibrer l’équilibre européen.

30 000 français et 20 000 anglais débarquent à Varna fin mai pour soutenir les ottomans. Mais une intervention autrichienne pousse les russes au repli avant que les franco-anglais ne tirent un seul coup de feu.
Mais, décimé par le choléra et voulant une victoire, ils partent sans préparation pour la péninsule de Crimée afin d’enlever à la Russie sa flotte de la mer noire.

Les français débarquent bien près d’Eupatoria contrairement aux britanniques qui débarquent dans le chaos et avec lenteur ce qui ôte tout effet de surprise.

Le général Menchikov, commandant des troupes russes en Crimée, profite de ce chaos pour rassembler toutes ses troupes éparpillées.
Il décide ensuite de se positionner en hauteur du fleuve Alma où il pourra surplomber les forces franco-britanniques.

 

II - La bataille de l’Alma

Menchikov a réussi à rassembler environ 40 000 hommes dont 33 000 fantassins, 3400 cavaliers et 120 canons.Bataille de l alma

En face, on compte 61 000 fantassins (26 000 britanniques, 28 000 français et 7 000 ottomans), 1 000 cavaliers britanniques et 132 canons (72 français et 60 anglais).

Quelques accrochages ont lieu dans la soirée du 19 septembre 1854 mais les vrais combats ne commenceront que le lendemain.

La bataille commence par un assaut français pendant que les britanniques sont toujours en train de parader.
Tout l’armée suit le bataillon de la Légion Etrangère à l’exception du 3e régiment de zouaves (les zouaves sont les soldats d’infanterie légère de l’armée d’Afrique. Très reconnaissable à leur uniforme, ils sont emblématiques des guerres du Second Empire et seront dissouts en 1962) qui entreprend une manœuvre audacieuse et décisive : ils escaladent la falaise et capturent toute l’artillerie russe ce qui leur permet de bombarder les troupes russes.

Ils se mettent ensuite en position défensive pour repousser les russes en attendant les renforts.
Le reste des français avance plus difficilement face au feu nourri des russes et peine à rejoindre les zouaves pour les soutenir.

De leur côté, les anglais sont encore plus à la peine. Les ordres, contre-ordres et décisions basées sur des renseignements incorrects désorganisent la ligne et les quelques gains territoriaux sont aussitôt repris par des contre-attaques russes.
Seul l’aide de plusieurs bataillons français leur permet de conserver le terrain qu’ils prennent.

Pendant ce temps, les français arrivent à soutenir les zouaves (qui avaient repoussés les différentes offensives russes avec le soutien des navires de la flotte).
Une dernière charge des zouaves permet de prendre la colline qu’occupait l’état-major russe.

C’est alors la panique et l’armée de Menchikov part en déroute vers Sébastopol.

 

III - Conséquences

Les russes se réfugient alors dans Sébastopol que les franco-britanniques viennent assiéger. Le siège, de 11 mois, fut autant pénible pour les assiégés que les assiégeants. La chute de Sébastopol mettra fin à la guerre de Crimée, qui est aujourd’hui considérée comme la première guerre « moderne » par son utilisation de nombreuses nouvelles technologies.

Dans la bataille, les russes perdent 1 800 morts et près de 4 000 blessés.Zouave seine
De l’autre côté, on trouve 483 morts (140 français et 343 britanniques) et 2 800 blessés (1 200 français et 1 600 anglais).

Cette différence entre les pertes est d’autant plus surprenante quand on voit la différence d’agressivité entre les deux alliés.
Ainsi, peu avant de mourir quelques jours après la bataille du choléra, le maréchal de Saint-Arnaud dit à propos des combats « J’ai couru, les Anglais ont marchés. »

En 1856, soit 2 ans après la bataille, 4 statues sont érigées pour être posées sur le nouveau pont de l’Alma qui enjambe la Seine : le chasseur à cheval, l’artilleur, le grenadier et le zouave.
4 unités qui firent preuve de bravoure pendant la bataille.

En raison du tassement du pont d’origine, un nouveau fut reconstruit à sa place entre 1970 et 1974 et seule une statue fut conservée sur la pont (les autres sont éparpillées dans Paris) : le zouave.
La statue sert depuis d’indicateur populaire sur la hauteur du niveau d’eau de la Seine lorsque celle-ci est en crue.

Date de dernière mise à jour : 27/02/2021

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