Le parcours des honneurs, aussi appelé « cursus honorum », est la seule voie pour un romain d’accéder à des postes dans la magistrature sous la République.
Existant très tôt, ce parcours n’est vraiment formalisé et défini dans la loi qu’en 180 avant J.-C.
Pour être éligible, la personne doit être citoyen romain et avoir déjà effectué son service militaire. Il doit aussi faire partie de la classe équestre, c’est-à-dire un citoyen possédant (au IIe siècle avant J.-C.) au moins 400 000 sesterces.
Ensuite, le citoyen devait occuper les différents postes de la magistrature dans un ordre précis, le cursus honorum.
La questure
La questure est la première étape du processus.
Agés d’au moins 28 ans et élus pour un an, les questeurs sont chargés des finances de l’Etat romain puis de la province où ils sont affectés. Ils payent les légions et les mercenaires et s’occupent de la trésorerie de la province.
Ils ne possèdent aucun insigne particulier associé à leur poste.
L’édilité
Après avoir été questeur et s’il a plus de 31 ans, le citoyen peut être élu édile.
Au nombre de 4 (2 édiles curules choisis parmi les patriciens et 2 édiles plébéiens) et élus pour un an, les édiles s’occupent de l’entretien des bâtiments sacrés et publics, de l’acheminement de l’eau dans la ville ainsi que de l’entretien des rues et routes de Rome.
Ils s’occupent aussi de faire la police sur les marchés et d’inspecter les marchandises (ils sont chargés de ces tâches mais dans la pratique, ils dirigent des équipes qui s’en chargent).
C’est également les édiles qui organisent les jeux publics (courses de chars et gladiateurs).
En -45, César obtient la création de deux nouveaux édiles qui seront appelés édiles céréaliers. Ils seront alors chargés de l’approvisionnement en blé de Rome.
Les édiles curules ont le droit au siège curule (voir image à droite. Ceci est une version fabriquée récemment en bois avec un revêtement de style Empire mais on peut bien voir les pieds en X) comme insigne distinctif, un siège d’argent sans accoudoirs ni dossier dont les pieds forment un X.
La préture
A partir de 34 ans, le candidat au cursus honorum peut ensuite être élu préteur.
Il y a deux préteurs au départ mais ce nombre passera à 16 sous César.
Le préteur pérégrin est chargé de gérer les litiges entre les citoyens et les étrangers tandis que le préteur urbain s’occupe des litiges entre citoyens romains. Le préteur préside la justice et organise le procès mais il n’est pas juge.
Les préteurs peuvent aussi remplacer temporairement les consuls si ceux-ci doivent s’absenter.
Les préteurs ont le droit de s’assoir sur la chaise curule et sont accompagnés dans leurs déplacements par deux licteurs (des officiers gardes du corps qui les protègent, leur libèrent le passage et annoncent leur arrivée. Ils sont armés d’un faisceau et d’une hache. Le faisceau des licteurs sera d’ailleurs utilisé plus tard comme un des symboles de l’Italie fasciste de Mussolini et qui est encore aujourd'hui utilisé dans les armoiries de la République Française mais c’est une autre histoire.)
Les préteurs disposent enfin du pouvoir de l’ « imperium », c’est-à-dire de pouvoir commander des troupes au combat.
Le consulat
C’est la dernière étape du cursus honorum.
2 consuls nommés pour un an, âgés de plus de 40 ans et qui doivent avoir entièrement suivis le cursus.
Ce sont les magistrats supérieurs de la République.
Ils convoquent et président les réunions du Sénat et des assemblées populaires. Ils commandent aussi les armées (ce qui peut parfois être dommageable si le consul ne dispose pas de bonnes connaissances en tactique et en stratégie militaire).
Ils sont accompagnés de douze licteurs et sont éponymes. Cela signifie que l’année en cours va porter le nom des consuls en exercice.
Un consul peut être réélu mais devra attendre un an entre chaque mandat.
Quelques précisions et informations supplémentaires
Entre chaque poste du cursus honorum, il fallait pour le citoyen attendre au moins deux ans avant de pouvoir se faire élire au poste supérieur.
Il existe d’autres postes de magistrats très importants de la République romaine mais ils ne font pas partie du cursus comme le tribunat de la plèbe (non considéré comme une magistrature honorable), la censure (puisque les censeurs étaient élus pour 18 mois et non pour un an) et la dictature (non accessible par la voie électorale et en temps normal).
Les règles étaient strictes mais, en cas de crises ou pour des personnalités remarquables, il a pu exister des exceptions.
Scipion l’Africain, vainqueur d’Hannibal à Zama lors de la Deuxième Guerre Punique, fut élu consul en -205 avant d’avoir l’âge requis tandis que Scipion Emilien, qui détruisit la ville de Carthage pendant la Troisième Guerre Punique, devint consul dans avoir été édile ni préteur.
Lorsque deux magistrats de rangs différents se croisaient, les licteurs de celui de rang inférieur baissaient leurs faisceaux en signe de respect. D’ailleurs, l’interdiction de porter des armes dans l’enceinte de la ville était aussi valable pour les licteurs qui enlevaient la hache mais gardaient quand même le faisceau.
Ce qui fait que l'image à droite montrant les deux consuls est assez erronée. Les licteurs n'ont pas le droit de porter la hache dans la cité, les consuls n'ont pas de trône mais le siège curule et la toge entièrement pourpre était réservée pour les évènements exceptionnels.